UN COURT VOYAGE ET UNE TEMPÊTE
À un moment donné, il a bien fallu se raisonner et reprendre la route pour trouver un autre abri, plus adapté au mauvais temps. Moins d’un kilomètre plus loin, nous nous sommes arrêtés à une halte routière.
Ceux qui auront suivi mon périple en Ontario, à Niagara plus précisément, se souviendront de mon ami Dean, propriétaire de la chaîne YouTube Wandering Eye Outdoors. Or, ce dernier nous a rendu visite depuis Windsor et en a profité pour savourer notre vie de notre chalet, ici, en Outaouais. Cette visite surprise, bien que peu surprenante à bien y penser, a donc été l’excuse parfaite pour planifier un petit voyage vers le P’tit Train du Nord. Encore? Eh oui!
Tout était question de distance, de temps et de… budget. Lui, tout comme moi d’ailleurs, avions des contraintes du genre et c’est sans aucun doute l’un des aspects qui nous rapproche naturellement, instinctivement. Entre autres. Bref, nous sommes remontés vers le nord en passant par Mont-Laurier pour emprunter la fameuse piste du P’tit Train. Toutefois, quelques jours plus tard, au lieu de nous diriger vers St-Jérôme, nous avons choisi un autre chemin… Voyez-vous, j’avais trouvé une chambre à l’Hôtel du Chasseur, pas cher du tout (une priorité pour nous), et nous nous sommes donc retrouvés en direction de Pine Hill. Vous connaissez?
Pour s’y rendre il faut grimper, grimper et grimper encore. Pine Hill était l’aboutissement de plusieurs kilomètres en passant par Wentworth, autant de noms qui m’étaient inconnus. Je ne m’en cacherai pas, certaines côtes m’ont forcé à marcher, et ce, malgré ma détermination. Longues et abruptes, asphaltées ou en gravier, ces côtes exigeaient un effort au-delà de mes capacités. Oh je peux grimper, mais le rapport plateau/cassette – j’aurais dû opter pour un plateau ovale de 36 dents – me limitait tout autant que le poids du vélo chargé. Désolé pour ce détail technique. Si ça vous embête, demandez à un conseiller chez Vélozophie et on vous expliquera. Mais encore. S’il n’avait été question que de côtes abruptes, c’eut été quand même passable. Mais non. Une tempête nous est tombée dessus.
Cette tempête, dont vous avez sans doute été témoin, aura fait des dégâts considérables en Outaouais et à Ottawa. Vous pigez? Nous étions dans «l’œil de la tempête», là où tout est au rouge sur le radar. Je descendais une côte et, tout à coup, des grêlons de la grosseur d’un dé à coudre m’ont bombardé. Puis la pluie, froide et abondante, s’est déversée sur nous. En un temps deux mouvements, j’ai bifurqué vers une entrée privée menant à une roulotte, inoccupée, enfilé mon pantalon de pluie et ai tant bien que mal tenté de m’abriter sous les conifères. J’espérais que les branches suffiraient à me protéger et de l’eau et des grêlons. Peine perdue. Les grêlons rebondissaient sur mon casque et sur mes épaules. Et la douche a suivi. Puis le vent s’est levé. Et quel vent! Je me suis dit: «Ça y est! On est cuits!». Mais non. On a survécu.
Pendant tout ce temps, ma conjointe, en panique, tentait de communiquer avec moi. J’avais reçu ses messages, mais j’étais incapable de la rassurer puisque le réseau était «indisponible». Première leçon apprise: l’achat d’un Garmin inReach ou d’un Spot devient une priorité. Souvent les lieux plus reculés n’offrent pas de réception. Par conséquent, au lieu d’inquiéter les miens, m’équiper d’un tel appareil évitera bien des soucis.
À un moment donné, il a bien fallu se raisonner et reprendre la route pour trouver un autre abri, plus adapté au mauvais temps. Moins d’un kilomètre plus loin, nous nous sommes arrêtés à une halte routière. Dean, lui, est grimpé sur une table de pique-nique munie d’un toit et moi, tout gelé que j’étais, près de l’hypothermie, je me suis caché dans un toilette chimique portative. Croyez-le ou non, nous avons passé au moins deux heures dans ces abris de fortune. J’ai eu grand peine à me réchauffer, mais y suis parvenu en enfilant des couches supplémentaires sous mon manteau de pluie. Quelques heures plus tard, nous avons bravé les éléments et comblé les quelque 20 kilomètres qui nous séparaient de l’Hôtel du Chasseur. Arrivé sur place, j’ai enfin pu donner signe de vie à ma conjointe. Débarrassé de mes vêtements mouillés, ma faim rassasiée grâce à un copieux repas pris au même endroit, une petite chambre au grand cœur chaud m’a réconforté et jeté dans les bras de Morphée.
La suite de notre périple s’est déroulée sans problème. J’ai découvert le merveilleux Corridor aérobique en passant par Morin Heights. J’ai aussi rencontré une cycliste d’un âge vénérable voyageant en solo, et l’ai aidée à se trouver un terrain de camping à Bourget, en Ontario. J’admire profondément les femmes cyclistes voyageant seules. Denise m’a d’ailleurs avoué que son entourage l’avait fortement découragée d’entreprendre une telle aventure. Au contraire, je l’ai félicitée. Denise, si jamais tu lis ceci, je te salue.
Quant à nous, nous avons filé tout droit vers la maison via la piste de Prescott-Russell et nous avons finalement roulé 140 km d’un trait. En ce qui me concerne, c’est un record de distance personnel. Je ne m’en vante pas, croyez-moi, mais j’en ai tiré une deuxième leçon. Le corps d’un cycliste résiste parfois à l’effort, rechigne, nous envoie des messages de fatigue. Tout fait mal. Les épaules, les mains, le popotin, parfois les genoux, bref, on souffre. Mais après un petit repas vite fait, tout à coup, on retrouve notre énergie. La selle aiguisée du vélo nous apparaît comme un Lazyboy. En fait, à mon grand étonnement, une fois arrivé à la maison, j’aurais pu encore rouler! Si vous suivez les «ultracyclistes», et je n’en suis pas un, vous reconnaîtrez le propos. Vient un temps où les maux, la fatigue, cèdent leur place à une sorte d’euphorie du dépassement. Pointez-moi vers le col du Tourmalet s’il vous plaît! Je blague. Mais vous saisissez. À la prochaine!
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Ceux qui auront suivi mon périple en Ontario, à Niagara plus précisément, se souviendront de mon ami Dean, propriétaire de la chaîne YouTube Wandering Eye Outdoors. Or, ce dernier nous a rendu visite depuis Windsor et en a profité pour savourer notre vie de notre chalet, ici, en Outaouais. Cette visite surprise, bien que peu surprenante à bien y penser, a donc été l’excuse parfaite pour planifier un petit voyage vers le P’tit Train du Nord. Encore? Eh oui!
Tout était question de distance, de temps et de… budget. Lui, tout comme moi d’ailleurs, avions des contraintes du genre et c’est sans aucun doute l’un des aspects qui nous rapproche naturellement, instinctivement. Entre autres. Bref, nous sommes remontés vers le nord en passant par Mont-Laurier pour emprunter la fameuse piste du P’tit Train. Toutefois, quelques jours plus tard, au lieu de nous diriger vers St-Jérôme, nous avons choisi un autre chemin… Voyez-vous, j’avais trouvé une chambre à l’Hôtel du Chasseur, pas cher du tout (une priorité pour nous), et nous nous sommes donc retrouvés en direction de Pine Hill. Vous connaissez?
Pour s’y rendre il faut grimper, grimper et grimper encore. Pine Hill était l’aboutissement de plusieurs kilomètres en passant par Wentworth, autant de noms qui m’étaient inconnus. Je ne m’en cacherai pas, certaines côtes m’ont forcé à marcher, et ce, malgré ma détermination. Longues et abruptes, asphaltées ou en gravier, ces côtes exigeaient un effort au-delà de mes capacités. Oh je peux grimper, mais le rapport plateau/cassette – j’aurais dû opter pour un plateau ovale de 36 dents – me limitait tout autant que le poids du vélo chargé. Désolé pour ce détail technique. Si ça vous embête, demandez à un conseiller chez Vélozophie et on vous expliquera. Mais encore. S’il n’avait été question que de côtes abruptes, c’eut été quand même passable. Mais non. Une tempête nous est tombée dessus.
Cette tempête, dont vous avez sans doute été témoin, aura fait des dégâts considérables en Outaouais et à Ottawa. Vous pigez? Nous étions dans «l’œil de la tempête», là où tout est au rouge sur le radar. Je descendais une côte et, tout à coup, des grêlons de la grosseur d’un dé à coudre m’ont bombardé. Puis la pluie, froide et abondante, s’est déversée sur nous. En un temps deux mouvements, j’ai bifurqué vers une entrée privée menant à une roulotte, inoccupée, enfilé mon pantalon de pluie et ai tant bien que mal tenté de m’abriter sous les conifères. J’espérais que les branches suffiraient à me protéger et de l’eau et des grêlons. Peine perdue. Les grêlons rebondissaient sur mon casque et sur mes épaules. Et la douche a suivi. Puis le vent s’est levé. Et quel vent! Je me suis dit: «Ça y est! On est cuits!». Mais non. On a survécu.
Pendant tout ce temps, ma conjointe, en panique, tentait de communiquer avec moi. J’avais reçu ses messages, mais j’étais incapable de la rassurer puisque le réseau était «indisponible». Première leçon apprise: l’achat d’un Garmin inReach ou d’un Spot devient une priorité. Souvent les lieux plus reculés n’offrent pas de réception. Par conséquent, au lieu d’inquiéter les miens, m’équiper d’un tel appareil évitera bien des soucis.
À un moment donné, il a bien fallu se raisonner et reprendre la route pour trouver un autre abri, plus adapté au mauvais temps. Moins d’un kilomètre plus loin, nous nous sommes arrêtés à une halte routière. Dean, lui, est grimpé sur une table de pique-nique munie d’un toit et moi, tout gelé que j’étais, près de l’hypothermie, je me suis caché dans un toilette chimique portative. Croyez-le ou non, nous avons passé au moins deux heures dans ces abris de fortune. J’ai eu grand peine à me réchauffer, mais y suis parvenu en enfilant des couches supplémentaires sous mon manteau de pluie. Quelques heures plus tard, nous avons bravé les éléments et comblé les quelque 20 kilomètres qui nous séparaient de l’Hôtel du Chasseur. Arrivé sur place, j’ai enfin pu donner signe de vie à ma conjointe. Débarrassé de mes vêtements mouillés, ma faim rassasiée grâce à un copieux repas pris au même endroit, une petite chambre au grand cœur chaud m’a réconforté et jeté dans les bras de Morphée.
La suite de notre périple s’est déroulée sans problème. J’ai découvert le merveilleux Corridor aérobique en passant par Morin Heights. J’ai aussi rencontré une cycliste d’un âge vénérable voyageant en solo, et l’ai aidée à se trouver un terrain de camping à Bourget, en Ontario. J’admire profondément les femmes cyclistes voyageant seules. Denise m’a d’ailleurs avoué que son entourage l’avait fortement découragée d’entreprendre une telle aventure. Au contraire, je l’ai félicitée. Denise, si jamais tu lis ceci, je te salue.
Quant à nous, nous avons filé tout droit vers la maison via la piste de Prescott-Russell et nous avons finalement roulé 140 km d’un trait. En ce qui me concerne, c’est un record de distance personnel. Je ne m’en vante pas, croyez-moi, mais j’en ai tiré une deuxième leçon. Le corps d’un cycliste résiste parfois à l’effort, rechigne, nous envoie des messages de fatigue. Tout fait mal. Les épaules, les mains, le popotin, parfois les genoux, bref, on souffre. Mais après un petit repas vite fait, tout à coup, on retrouve notre énergie. La selle aiguisée du vélo nous apparaît comme un Lazyboy. En fait, à mon grand étonnement, une fois arrivé à la maison, j’aurais pu encore rouler! Si vous suivez les «ultracyclistes», et je n’en suis pas un, vous reconnaîtrez le propos. Vient un temps où les maux, la fatigue, cèdent leur place à une sorte d’euphorie du dépassement. Pointez-moi vers le col du Tourmalet s’il vous plaît! Je blague. Mais vous saisissez. À la prochaine!
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